Voilà belle lurette que le jeune homme en moi
A perdu sa jeunesse avec son plein de rêves.
Les choses peu à peu sont sorties du brouillard
Et ont garni ma vie dont j’ai fait un grenier.
J’ai dépensé le temps, cigale, sans compter
Et j’ai repeint la vie de ce que j’ai vécu.
Il ne restait ce soir sur le banc du jardin
Qu’un petit vieux chenu de douleurs et d’arthrose.
Le chemin n’était qu’un vulgaire cul de sac
D’où assis j’admirais l’éternité du monde ;
Seul animal pouvant descendre de la vie
Pour goûter l’univers baignant dans sa lumière.
Je contemplais jusqu’à ce caillou à mes pieds
Là au bout de ma canne qui à lui seul rassemble
La matière qui, rêves, fut appâts avant d’être ;
Caillou qui déjà moi, moi qui suis déjà lui.
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