Mon corps lourd d’une tonne n’était plus qu’un cercueil,
Une boite où vivaient un cœur et deux poumons
Immergée dans les eaux d’un lit blanc d’hôpital ;
Mes yeux en périscope, seuls, visitaient la chambre.
Ma mère s’épuisait à me tenir l’envie
Mais la vie n’avait plus le goût de mes amours
Qui jadis s’envolaient à dos de ma Norton
Vers l’avenir stoppé dans les débris de tôles.
J’entendais la musique mais ne pouvais chanter,
Je voyais la beauté mais ne pouvais la dire,
J’élaborais des plans qu’on ne pouvait bâtir,
Comment faire comprendre qu’on ne peut plus bouger.
Et quand les souvenirs me forçaient la mémoire
Et que je revivais nos rires sur les prés
Et l’odeur et la peau et les yeux d’Isabelle,
Je hurlais à la mort que l’on me refusait.
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