LA VOIX MÉTAMORPHOSE
INTRODUCTION
INTRODUCTION
De
tout temps, j'ai été guidée par mon intuition sans en avoir
conscience. Si je regarde en arrière, tout ce que j'ai entrepris
était déjà inscrit dans ma vie.
Femme
des frontières, je le fus entre folie et voisinage, entre ville et
campagne, entre poésie des mots et musique, entre Occident et
Orient, entre raison et intuition, entre ciel et terre.
Je
me suis efforcée de livrer ce récit de mon parcours avec le plus
d'honnêteté possible en tant qu'être humain en quête de sens,
chanteuse et créatrice de Voix et Souffle. Il n'y a, pour
moi, aucune séparation entre ces trois états d'être.
Ce
récit est celui d'une histoire personnelle parfois douloureuse mais,
surtout, celui du bonheur de la métamorphose.
Rencontrer
la pensée taoïste m'a libérée de la pensée binaire chrétienne
dans laquelle j'avais grandi et qui me faisait souffrir. Découvrir
le souffle avec le zen, découvrir mon corps et l'énergie qu'il
contient avec le Kinomichi et les arts-martiaux internes a transformé
ma vie et mon être profond.
En
travaillant avec des maîtres asiatiques qui m'ont laissée trouver
par moi-même, j'ai entrepris de raffiner mon énergie jour après
jour et j'ai tracé ma route. Je me suis aperçue que j'avais une qualité pour l'exprimer et pour transmettre. C'était peut-être ce
que les taoïstes appellent accomplir son destin céleste.
Ce
destin ne serait rien sans la rencontre avec Maître Noro et avec
Pierre Philippon, pour lesquels j'éprouve une profonde gratitude.
Ce
destin ne serait rien sans celui de ma mère à la racine de tout ce
que j'ai entrepris.
Je
n'ai pas voulu écrire une méthode. Je n'ai pas voulu formater mon
écriture. J'ai eu l'ambition de faire un objet artistique littéraire
car la littérature est ma passion première, j'ai eu envie de m'en
donner à cœur joie. J'ignore si j'y suis parvenue. J'en ai caressé
l'espoir et j'ai fait de mon mieux.
Je
me suis efforcée de témoigner avec sincérité afin de servir
l'humaine compagnie.
Ce
récit, je l'ai écrit pour vous donner envie d'aller à la rencontre
de votre paysage intérieur et pour que vous vous autorisiez à
explorer toutes vos merveilleuses capacités : danser, chanter,
respirer chaque instant et vous réaliser dans la pleine santé et la
joie.
CHAPITRE 2
L'ART
DE LA FLUIDITÉ
Maître
Noro aura toujours une place d'exception dans ma mémoire car il m'a
mise sur le chemin de l'énergie.
Je
n'étais pas engagée dans une relation particulière de maître à
élève avec lui car le Kinomichi est, par essence, une discipline
collective mais, de fait, il nous accompagnait, nous ses élèves en
groupe, tous de manière individuelle. Ces commentaires nous étaient
précieux pour évoluer dans nos vies.
Le
Kinomichi est un art du mouvement japonais d'une grande finesse, dont
la particularité est de favoriser la circulation de l'énergie entre
deux partenaires. Maître Noro guidait chacun selon son besoin.
Pendant ces sept années durant lesquels j'ai eu la chance de suivre
son enseignement, j'ai été bien nourrie. Le Kinomichi permet de
ressentir les spirales contenues dans les mouvements du corps et de
construire son hara*. Il a été, pour moi, une voie d'accès
à la méditation et au travail interne de l'énergie que j'ai étudié
par la suite.
Dans
le dojo, vêtus de blanc, assis en seiza*, nous buvons la
parole du maître.
Maître
Noro nous raconte des anecdotes du temps ou il était un disciple, au
service de maître Ueshiba, le créateur de l'Aïkido. Noro raconte à
sa façon, c'est-à-dire toujours avec de l'humour, omission des
articles, à la japonaise.
De
même, plutôt que d'utiliser nos noms et prénoms, nous désigne-t-il
sur le tatamis par ce qui constitue une spécificité, une fonction,
ou encore un trait de caractère qu'il nous attribue avec malice :
« Mathématique, Demi-tarif, Gurute (prononcer Gouroute),
Grosse tête, Gros seins ... ».
Je
manque de confiance en moi.
Il m’appelle « Vedette » car il m'a vue à la télé dans un
clip. Il m’appelle « Vedette » et je pense que c'est
aussi sa manière de me guider, de me renforcer dans l'idée que j'en
suis une. Moi qui rase les murs quand je vois des têtes de gondole à
la Fnac à mon effigie.
Il
peut aussi bien nous apostropher en criant « Constipé ! »,
lorsque nous ne sommes pas ouverts, disponibles, prêts à être
traversés par l'énergie. Cela peut être assez déstabilisant pour
un débutant mais, cela est dit d'une manière si drôle et si juste
qu'on ne résiste pas à son humour ravageur.
« Quelle
tête vous faites ? », nous dit-il encore. Il est capital
pour lui de « montrez dents », de sourire car l'énergie
manifestée est joie. Un aspect essentiel de son enseignement.
Maître
Noro nous parle de la manifestation de l'énergie qui traverse le
bois pour aller toucher le mur en face dans le dojo. Il nous parle de
l'énergie qui nous traverse de terre à ciel.
La
parole de maître Noro est celle d'un sage et n'est pas celle d'un
singe.
La
parole de maître Noro est celle d'un sage, c'est pourquoi je la bois
comme du petit lait.
Masamichi
Noro nous dit, qu'au dix-septième siècle, après une période de
paix durant laquelle il fut interdit, le troisième shogun réhabilita
l'usage du bâton qui n'était pas considéré comme noble par les
samouraïs. Dans le Kinomichi, nous pratiquons avec le bâton et le
boken, ce dernier est un sabre de bois que je préfère
personnellement. Sur le tatami, je fonce sur mon partenaire avec une
confiance absolue car je sais que je ne peux pas lui faire mal, je
suis dirigée par mon hara et le bruit de nos bokens* est le
chant joyeux de l'énergie.
Le
chant de la vie.
La
voie du guerrier est un chemin d'accomplissement de soi.
Dans
le budo*, combattre est un prétexte pour apprendre à se
connaître. Les do sont des voies, rien à voir avec du sport.
Le
dojo est le lieu ou l'on vient raffiner l'énergie et trouver sa
voie.
Dans
le dojo, le temps s'est arrêté, il évoque des aspects mystérieux
de sa vie privée auprès de maître Ueshiba. La profonde
spiritualité de celui-ci à la fin de sa vie, ancré dans la
religion shinto, son chant des voyelles...
Maître
Noro nous invite à être « sexy ».
C'est
un mot qui semble au premier abord incongru dans un dojo. Maître
Noro prenait parfois Maryline Monroe pour exemple pour nous parler de
l'énergie. C'est cela être sexy, cela se voit quand l'énergie vous
traverse de bas en haut. Être vraiment « sexy », c'est
un état d'être en connexion avec le souffle et le chi.*
Une
des amies de Maryline Monroe raconte qu'en se promenant avec elle
incognito dans les rues de New York, Maryline lui demande : « Tu
veux que je sois elle ? », et instantanément dans la rue
les gens la reconnaissent. Maryline avait trouvé le chemin intérieur
de son énergie.
*
Hara : centre vital de l'homme et réservoir
d'énergie vitale dans la tradition japonaise.
*
Budo : la voie des
armes.
*
Boken : sabre de bois
pour s'entraîner en Aïkido
*
Chi
ou Qi :
ki en japonais, courant vital d'énergie, est une notion des
cultures chinoises et japonaises qui désigne un principe
fondamental formant et animant l'univers et la vie. Cette notion n'a
aucun équivalent précis en occident. Apparaissent toutefois de
nombreux liens de convergence avec la notion grecque pneûma
(souffle) et dans la même optique avec la notion de spiritus
en latin, dérivé de spirare,
souffler qui signifie souffle, vent et le principe prana
en philosophie indienne.
Musique sur Mysty Louise : Roudoudou
Louise Vertigo
Louise Vertigo
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire